Business Immo : Y-a-t-il encore un espoir de croissance mondiale en 2012 ?
Marc Touati : Oui. La bonne nouvelle, c’est que la croissance mondiale reste appréciable, même si elle s’inscrit en légère baisse par rapport aux prévisions initiales. Elle devrait être supérieure à 3 % en 2012 et en 2013. Nous restons ainsi dans la moyenne des trente dernières années où la croissance du PIB mondial s’élevait à + 3,3 % en rythme annuel. La mauvaise nouvelle, c’est que l’Europe – et tout particulièrement la zone Euro – est la lanterne rouge depuis 10 ans. La récession revient chez nous. Trois ans après avoir essuyé une très forte dépression, il est inquiétant de voir l’économie de la zone Euro replonger dans le rouge. La France devrait afficher au mieux une croissance zéro jusqu’à l’été 2013.
BI : Pourquoi est-on à la traîne ?
MT : Alors que la plupart des banques centrales ont accompagné la reprise économique de 2010/2011 par une politique de taux d’intérêt bas, la BCE a fait le contraire en remontant le niveau de ces taux de refinancement. C’est une erreur stratégique. A peine avait-on sorti la tête de l’eau que l’on nous y replonge. S’y ajoute l’incapacité de la zone Euro à régler le problème grec. Là où Abu Dahi a traité celui de Dubaï en 15 jours au plus fort de la crise financière, l’Europe traîne la question de la Grèce depuis quatre ans.
BI : Que font les gouvernants, notamment en France ?
MT : Malheureusement, nos dirigeants en France ne semblent pas avoir compris la situation. Ils continuent d’augmenter les impôts alors que la pression fiscale en France est l’une des plus fortes de la zone Euro. Dans le même temps, ils stigmatisent les entreprises, à l’exemple d’Arnaud Montebourg qui a émis des critiques sur la stratégie suivie par la famille Peugeot au moment de l’annonce de la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois. Ce type de critique est inadmissible pour n’importe quel entrepreneur et stupide par rapport à l’un de nos derniers fleurons industriels. D’une manière générale, les dirigeants européens, à l’exception de l’Allemagne, ne sont pas à la hauteur des enjeux. Ils ont cassé le reste de compétitivité des entreprises, hypothéquant le potentiel de croissance économique.
BI : Que faut-il faire alors ?
MT : En France, baisser les impôts des particuliers comme des entreprises. Au niveau européen, il faut préserver la zone Euro, dont le risque d’explosion est réel, pour éviter que les taux d’intérêts flambent, nous entraînant dans une accélération de la crise économique et sociale. Car c’était la crainte de cet été : la crise économique devient une crise sociale.
BI : Faut-il maintenir les taux de refinancement durablement aussi bas ?
MT : C’est aujourd’hui la trappe à liquidités. Le maintien de taux de refinancement bas est nécessaire, mais pas suffisant. Il faut aller plus loin et permettre à la BCE d’acheter de la dette souveraine et de prêter directement aux Etats, non plus aux banques qui, elles, vont financer les Etats. Les banques doivent se recentrer sur le financement de l’économie, c’est-à-dire des entreprises. Dans ce sens, il faudra assouplir le cadre réglementaire de Bâle III. Il est aberrant de dire aux banques de ne plus prendre de risques alors que c’est leur cœur de métier.
BI : Quel est le comportement des investisseurs dans ce contexte ?
MT : Ils sont très inquiets, donc ils cherchent à rester le plus liquide possible tout en limitant le niveau de risque. Cela se traduit généralement par un statu quo dans leurs allocations d’actifs.
BI : L’immobilier, valeur refuge ? C’est encore d’actualité ?
MT : Tant que nous sommes dans un environnement de taux d’intérêt bas, il n’y a pas de krach immobilier à attendre en France. Certes, les prix de l’immobilier sont trop élevés au regard du revenu des ménages, mais le niveau des taux compense, en partie, cette perte de pouvoir d’achat. En revanche, l’augmentation annoncée de la pression fiscale sur la pierre risque de ne plus conférer à l’immobilier son statut de valeur refuge.
14 septembre 2012 | 12:54 CET
« L’augmentation de la pression fiscale risque de ne plus conférer à l’immobilier son statut de valeur refuge »
Marc Touati - ACDEFI
Par Gaël Thomas
Business Immo
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