Arnold de Haan, directeur général du Groupe Commerz Grundbesitz

IHI : « Quelle est votre spécificité par rapport aux autres fonds ? »
Arnold de Haan : « Notre particularité est d’avoir développé une réelle stratégie européenne et d’être présent dans 9 pays : Allemagne, France, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Espagne, Portugal, Autriche, Italie et Belgique. Ainsi, plus de 75% de nos actifs se situent hors d’Allemagne. Notre spécificité est de nous positionner sur des opérations en développement, telle que Avant Seine, qui sont créatrices de valeurs et qui nous permettent de disposer d’un portefeuille d’immeubles neufs ou récents. Notre politique d’investissement passe aussi bien par des acquisitions directes que par des participations dans des sociétés immobilières. Même si l’essentiel de notre portefeuille est concentré sur des actifs de bureaux (79% en montant des revenus locatifs), notre fonds d’investissement est également positionné sur l’immobilier de commerce, avec plus de 600 000 m² en Europe, principalement en Grande-Bretagne, en Hollande, en Italie, au Portugal ».
  IHI : « Dans l’immédiat, quels sont vos prochains investissements ? »
A.H. : « D’ici la fin de l’année, nous allons investir quelque 4,5 milliards d’euros. Nous avons pris une participation dans l’opération de développement commercial « White City » à Londres, pour un montant de 1,3 milliard de livres (1,9 milliard d'euros). Nous sommes également en passe d’acquérir deux immeubles de bureaux à Stockholm (Suède) pour un montant de 500 millions d’euros. Enfin, nous sommes en discussion pour reprendre un portefeuille de 25 immeubles de bureaux en Allemagne ».   IHI : « A plus long terme, quelle est votre stratégie d’investissement ? » A.H. : « En immobilier de bureau, notre stratégie vise à ne plus prendre de risque locatif et nous concentrer sur des actifs loués. Nous élargissons également notre champs d’action. Parallèlement, nous voulons accélérer notre développement en commerce. A l’avenir, nous allons nous focaliser sur l’Europe du Sud, en particulier en Espagne, en Italie et bientôt en Grèce. Nous regardons également les marchés de l’Europe Centrale. Dans un proche avenir, nous allons constituer un nouveau fonds afin d’investir aux Etats-Unis, sur la côte Est (New York, Boston, Washington), puis ensuite en Asie à hauteur de 1 à 2 milliards d’euros. Ce fonds sera différent, avec un profil plus risqué mais des attentes de rendement supérieur. Notre politique d’investissement se fera pas à pas ».   IHI : « Cette politique annonce-t-elle un retrait progressif de votre fonds en Europe ? » A.H. : « Non. Haust Invest continuera à investir en Europe. La France, et plus précisément Paris, est une place stratégique pour CGI en Europe. Plus du quart de notre patrimoine (26,4%) est concentré à Paris, soit plus qu’en Allemagne (24,9%) et en Grande-Bretagne (20,2%). Notre première opération a été l’acquisition d’Etoile Saint-Honoré en janvier 1998. Depuis, nous avons investi plus de 2,5 milliards d’euros pour constituer un portefeuille de 22 immeubles de bureaux totalisant 458 000 m². Dans ce contexte, nous continuerons d’acheter en fonction des opportunités. Mais, dans un avenir proche, nous allons entamer une phase de vente sur des programmes qui sont arrivés à maturité ».   IHI : « Cette tendance est généralisée à l’ensemble des investisseurs allemands ? » A.H. : « Je ne le pense pas. Les autres fonds sont dans une stratégie d’investissement à long terme. De notre côté, CGI pratique une politique de gestion active, qui entraîne de facto une rotation de ses actifs. Nous avons la volonté de renouveler notre patrimoine et ne conserver en portefeuille que des immeubles neufs ou très récents ».   IHI : « Pensez-vous que les investissements allemands vont se tarir en France ? » A.H. : « Je crois que le montant des investissements des fonds allemands va se tasser quelque peu en France. Aujourd’hui, les fonds ouverts se tournent vers le marché américain, avec la perspective d’un retournement du cycle immobilier. Toutefois, le marché de l’investissement devrait être animé en France, dès l’année prochaine, par l’arrivée de nouveaux acteurs à commencer par les sociétés d’investissements immobiliers cotées (SIIC »). » Propos recueillis par Gaël Thomas